R

lettre R


Radioactivité: Il y a des livres qui dorment à coté de moi en ronronnant comme des générateurs. Je ne les lis pas (ou je ne les lis plus) et pourtant ils irradient l'énergie qui fait que je serais différent s'ils n'étaient pas là. Ils sont installés dans mon inconscient et m'influencent en permanence. Je sais qu'ils sont là, qu'ils existent; un jour peut-être je les reprendrai, mais ce n'est même pas nécessaire...

Rame : 500 feuilles, donc 20 mains. 20 mains par rame c’est une vraie galère.

Ravages: Dans l’ombre de la vieille bibliothèque pleine d’abjects grimoires le personnage (un méchant) a commis l'erreur d'ouvrir le livre interdit. Aussitôt, une lumière fantasmagorique jaillit des pages et son regard, pour quelques secondes, s'emplit d’une terreur sans nom; littéralement fasciné, il n'a même plus la force de refermer le livre. Bien sûr, le spectateur  -nous- se trouve du bon côté du phénomène et peut voir l’ombre géante de la victime s’agiter comme une flamme sur le mur: et voilà que la lumière infernale s'accentue encore, l'expression de terreur disparaît parce que le visage lui même disparaît sous nos yeux, ravagé pas ce souffle de feu venu droit des enfers; peu à peu la chair se déchire, se ratatine, s’arrache, les os apparaissent, et le crâne ricanant (peut-être même qu'il a eu le temps de comprendre ce qui était écrit!) disparaît en poussière... le Livre retombe sur la table, attendant la prochaine victime, qui, poussée par la cupidité, négligera bien sûr les multiples avertissements mentionnés par la légende, écrits dans la crypte, sur la couverture du grimoire, ou sculptés à proximité.

Rayon: Ceux du soleil, ceux des roues de bicyclette, ceux des bibliothèques. Mais on parle aussi des rayons d'une ruche, bourrés de miel: ne rayons pas le livre, butinons!

Récupération: les auteurs et leurs oeuvres classiques, indispensables et représentatifs qui faisaient partie des programmes scolaires étaient pour cette même raison bannis de mon intérêt; adolescent je n'avais en général aucune confiance en un maître ou un professeur. Puis je les ai récupérés presque systématiquement, après, et ça continue...
D'un autre côté, je me vois comme un sauveteur en haute mer, les volumes que je trouve aux puces, à la casse, dans la rue, sur le couvercle d'une poubelle, dans une vente de garage ou soldés quelque part m'apparaissent comme des naufragés, victimes des tempêtes de la vie privée ou des vicissitudes de la distribution, et que je vais sécher, nourrir, restaurer, héberger et même en général adopter.

Reliure : suivant la reliure, le titre, avec parfois d’autres précisions, figure sur le dos du livre. Autrefois il était écrit en travers, parfois en abrégé ; dans les longs rayons des bibliothèques, les livres étaient debout et les titres horizontaux. Ça continue avec les gros livres, mais avec les livres de poche, se pose le problème : les dos, ça se lit de haut en bas ou de bas en haut ? Pas de décision universelle, par rapport à la couverture. Donc si on parcourt un étal horizontal, les bacs d’un bouquiniste ou les rayons d’une librairie, on doit incliner la tête sur l’épaule gauche, puis sur l’épaule droite suivant les collections ; bref, si on ajoute à cela la position de celui qui tient le livre sur son giron et incline la tête, menton sur la poitrine, le lecteur a décidément tout du pendu ! Frères lecteurs qui après nous vivez…

Restauration: Ces objets ont, tout de même, une réalité matérielle, très matérielle; forme, poids, matière, odeurs; leur manipulation et en particulier la restauration c'est un des grands plaisirs qu'ils me procurent... Borges qui a pourtant été bibliothécaire dit qu'il n'aime pas particulièrement les livres en tant qu'objet, et spécialement pas ceux des bibliophiles; sans doute n'aimait-il aucun objet (livre, tigre, poignard, miroir..) pas même sa canne de malvoyant.
Qu'est-ce qu'on y trouve, à l'intérieur? Du sable dans les pages (on lit beaucoup sur les plages): ça, ça fait du mal à la reliure; des traces de nourriture collée, un rond de tasse de café  -criminel !- mouches, crottes de mouches ou fleurs séchées entre les pages, vieilles photos, cartes postales, signets, tickets de métro ou de train, ou de caisse avec ou sans adresse ou message griffonné etc. Et toujours cette recommandation: pas de ruban adhésif !
Cette manie, écrire dans les marges, souligner au crayon.. ou au stylo, comme pour améliorer ou recomposer le texte: pourquoi ne pas rayer ou carrément refaire au moyen d'un caviardage de masques noirs, un nouveau texte plus dense, sinon tout à fait différent: une idée souvent caressée que je n'ai pas encore réalisée...

Rêves 1: Je me suis un jour réveillé d'un cauchemar en criant " Personne n'a le droit de dire que je n'aime pas les livres!..." personne ne m'avait rien dit de ce genre et je me demande d'où venait cette riposte fougueuse ...

Rigide: comme la morale, il est rigide ou souple, et s'il est rigide à l'extérieur, il est souple dedans (les pages)... Certains livres sont raides, mais raides comme une pente. D'autre part, rigide rime avec André Gide et avec frigide, qu'y a-t-il à en tirer?

Roman: Ma vie est un roman qui m'intéresse beaucoup. Berlioz. Ma vie, quel roman. Napoléon. Le Roman de la momie, le Roman de Renart, et jusqu'à l'Art du roman de Kundera... En anglais novel, novela en espagnol…

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