Le M (1)

M, première partie.
1.
2.Magnétique: Une tige étrange de métal et plastique entre deux pages, un adhésif en forme de petit labyrinthe : le système antivol... et d'autres technologies et tatouages comme le code-barres. Préférons les Champs Magnétiques de ?Breton et une feuille magnétique de St John Perse...

3.Mains: On fait le même geste pour représenter l'objet, et pour le tenir: Je le tiens donc recueilli dans les deux paumes, jointes en V comme des ailes ou comme pour une prière; avec la pulpe du pouce gauche je relève légèrement la couverture . A l'endroit que je vise dans la tranche, si je n'ai pas laissé de signet, je glisse l'ongle du pouce droit écartant progressivement la page jusqu'à se trouver à la fin à plat sur la page de droite, en bas près de la reliure, et je resserre la prise avec l'index dessous, les trois autres se refermant sur le dos... Le livre repose en fait sur le petit doigt, comme un violoncelle sur son pied métallique ou mieux encore, comme le verre de thé à la menthe; la main gauche est libre... Celui qui lit peut avoir en fait la même position que le pêcheur à la ligne, l'axe de la reliure jouant le rôle de la canne, pour le reste c'est un peu la même situation de quelqu'un qui se trouve hors du temps, hors du monde, avec un bon prétexte pour qu'on ne lui casse pas les pieds et parfois de bonnes touches et même des prises...
On parle de livres à lire de la main gauche... Ou de livres à lire d'une main... et de ceux écrits à quatre mains. Un humoriste se moquait des Mémoires de Maurice Chevalier et disait qu'il avait écrit d'une main, l'autre tournant les pages du livre de grammaire... ça m'avait paru une critique injuste et méchante. On dit aussi une main pour une certaine quantité de papier (25 pages, voir rame...). Il y a aussi cette méthode pour prédire ou pour décider de quelque chose, ouvrir au hasard, peut-être avec l’ongle et lire la première phrase: tel le suicidaire dont la corde s'est cassée et qui ouvre la Bible : le premier mot de la page est "Repens-toi!"... blague de mon Papa!
Tu as lu le bouquin de Machin ? Il m'est tombé des mains.

4.Maison: On l'ouvre, on entre... et plus tard on le referme. On entre par la une de couverture et, peut-on dire, on sort par celle du mot "fin", parfois le mot lui-même est absent mais on y trouve une mention du genre: Bangkok-Guadalajara Mai 1997.
Les chapitres seraient les pièces d'un château, les pages les parois... Voir le cruel poème d'Eluard , "maison.... comme un livre vide"
Tous les enfants les utilisent aussi pour faire les parois d’un dédale ou le toit des maisons, en jouant sur le tapis. Et quand on l'y jette, c'est souvent ainsi qu'on le retrouve; de même c'est un cliché cinématographique, quand les méchants font irruption chez le héros et commencent la fouille, ils ouvrent les livres à la recherche de documents vitaux, déchirent -barbares!- leurs couvertures, les jettent avec une indifférence criminelle sur le sol où notre personnage, consterné, les retrouvera dépliés en toit à deux pentes, sur le plancher.

5.Maîtres: les grands maîtres de l'Humanité, Socrate, Bouddha, Jésus... n'ont pas ou presque pas écrit; leur message est oral, recueilli par leurs contemporains et suiveurs. Ecrire un livre serait donc un acte plus humble qu'on ne le dit? Mais on se situe là à un très haut niveau - ou dans des eaux très profondes, dirait mon maître Sherlock (Lui n'a écrit, semble-t-il qu'un livre, un petit traité fort nécessaire sur les cendres de cigares...)

6.Maladie: les livres sales, c'est bien connu, peuvent donner des maladies: en cela ils ressemblent aux billets de banque. Il y en a même qui collent d'autres maladies (un peu honteuses) aux autres livres ! champignons textuellement transmissibles, bien-sûr.
Bon souvenir des petites maladies de l'enfance; le droit de rester au lit et en prime: .... un livre! Au début il y avait la collection Rouge et Or, puis la Série verte avec force Jules Verne ( L'épave du Cynthia, Michel Strogoff...) ou bien les albums de bandes dessinées, Tintin particulièrement. Une autre maladie merveilleuse, plus tard, c'est celle de La Montagne Magique: Hans Castorp et nous-mêmes devons beaucoup à la tuberculose. Et en cherchant bien, Docteur Faustus etc. , on trouvera une infinité d'exemples où la maladie produit , permet ou justifie de magnifiques romans, essais, poésies.

7.Mallarmé: mention obligée. (le monde est fait pour aboutir à un livre etc...) Curieux, ce type semble destiné à ne laisser que deux phrases péremptoires, en comptant l’autre : un coup de dés jamais n’abolira le hasard !
8-Matière: la matière de mon livre, terme qu me plaît bien, de Montaigne bien sûr, et rappelle aussi Shakespeare (The stuff dreams are made of...). Ce qui explique la présence fréquente de la table des matières.
-Maudit: M le Maudit, le livre maudit... qui empoisonne ou introuvable, ou qui amène son auteur ou son propriétaire à sa perdition.

.Mauvais: qu'est-ce qu'un mauvais livre? Les livres de mauvaise qualité (mauvaise écriture, etc..) n'ont que rarement une mauvaise influence: au contraire, ils contribuent à développer l'esprit critique du lecteur, par les comparaisons qu'ils permettent. Le seul cas pendable, c'est quand le lecteur n'est jamais allé au delà et ne peut comparer: c'est exceptionnel. Pas confondre avec un livre méchant : Cioran est méchant, mais j’aime ça.

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